Après une pause d’une saison, l’EST est revenue avec un effectif renouvelé mais qui a la même envie et le même savoir-gagner d’un club qui est à des années lumière de ses pitoyables adversaires. Cette version de l’Espérance porte les gènes de son entraîneur : une équipe qui sait défendre d’abord et attaquer après grâce à un duo brésilien magique.
La victoire de l’EST sur l’USM a paraphé le titre de champion mathématiquement, mais on savait tous que c’était une question de temps. On peut même dire que l’EST a pris option pour le titre depuis la première journée où elle a battu le ST sans être convaincante et où ses concurrents se sont neutralisés. Avec le bonus engrangé, l’écart a déjà été creusé. Et puis deux victoires l’une à Sousse (la énième devant l’Etoile) et l’autre devant le CA au derby pour s’emparer de la tête du classement. Le passage à vide de l’équipe de Cardoso après le nul devant le CSS, le nul contre l’USM et la défaite contre le ST n’a eu aucune conséquence sur le classement, parce que les concurrents ont été incapables de gagner se contentant de nuls. Seule l’USM avait le souffle pour espérer contester la suprématie de l’EST, mais cette USM rénovée n’est pas franchement si forte et percutante pour détrôner le nouveau champion. C’est un outsider ambitieux qui a de la qualité, mais qui manque de solidité tel que nous l’avons vu avant-hier dans leur duel. Le classement après la 9e journée reflète bien sûr la domination de l’EST sur ce play off : huit points d’écart sur le poursuivant immédiat.
L’empreinte de Cardoso
Après le départ de Tarek Thabet, un entraîneur qui a pourtant donné un plus et organisé une EST new-look avec l’arrivée de Sasse, Rodrigues, Ghacha, Bouguerra, Omarou, Tka, Aholou et les départs de Ben Romdhane, El Houni et Coulibaly, c’est Cardoso qui a débarqué. Et dans ce titre gagné, il y a sûrement son cachet. Il n‘a pas mis longtemps pour gagner le cœur de ses joueurs et des supporteurs avec une communication émotionnelle que seuls les Portugais savent manier. Obligé de déclencher un cycle à ce nouveau groupe, il a axé son travail sur l’organisation défensive avec des lignes resserrées et un milieu travailleur. Le parcours de l’EST en Ligue des champions avec une solidité défensive exemplaire (aucun but encaissé à Radès depuis le premier match et jusqu’à la finale) a eu de bons effets sur le championnat. Arriver dans des stades avancés avec une équipe métamorphosée, c’était un peu surprenant par rapport aux contraintes de l’effectif avec une capacité à bien défendre et à opter pour les contres et les transitions verticales et rapides. Dans le jeu de l’EST, le Portugais a réussi à apposer ses idées de jeu et ses préceptes.
Sasse, Rodrigues, Memmiche
et Meriah, les hommes-clefs
Côté joueurs, on a remarqué que le point fort de cette équipe, outre son assise défensive, c’est son aptitude à plier les matches avec un seul but d’écart en comptant sur une inouïe réussite. Il n’y a pas de scores larges sur la durée, mais il y a des victoires et il y a un compteur de points qui a avancé. En défense, on ne peut pas ignorer la belle prestation du jeune gardien Memmiche qui a sauvé son équipe à maintes reprises surtout en Ligue des champions. En championnat, c’était le dernier défenseur capable de bien emmener sa défense, à l’image aussi de Meriah, un défenseur souvent critiqué mais qui nous semble le meilleur de ce championnat. Costaud et tenace, fort dans les duels, Meriah, en compagnie de Tougai, a permis à l’EST de contrecarrer les manœuvres adverses et de conserver des courtes victoires. Deux autres joueurs ont, à notre avis, pesé lourd dans la réussite de l’EST cette saison : Sasse et Rodrigues. Un duo brésilien imparable, complémentaire à souhait et qui a posé de gros problèmes à tous les adversaires de l’EST en championnat. Sasse était souvent là comme milieu offensif décalé et assez libre dans ses mouvements pour jouer en rupture et pour accélérer, comptant sur son entente avec son compatriote. Rodrigues a marqué une dizaine de buts pratiquement tous décisifs, alors que Sasse en a marqué moins, mais en a créé autant. D’ailleurs, ce sont deux joueurs qui se connaissent parfaitement : l’un d’eux sait où l’autre se trouve et, souvent, ce sont des relais qui ont amené des buts.
Le titre de champion de Tunisie revient à une EST renouvelée mais qui sait compter sur un inusable savoir-gagner. Et pour mener ce groupe, l’encadrement de l’EST est fort dans le choix des recrues et sait protéger ses joueurs même quand il y a des problèmes internes. Contrairement aux autres clubs, l’EST sait peser en dehors du terrain et manie bien le jeu des coulisses, de la communication et des médias pour régner sur la compétition. C’est un titre qui a sauvé la saison, mais qui peut être le point de départ d’un nouveau cycle, à condition de renforcer l’équipe à l‘avenir. En tout cas, ce n’est pas une surprise, tellement l’EST était plus régulière et moins turbulente que des adversaires insignifiants. La distance semble infranchissable entre l’EST et les favoris classsiques.